La law enforcement rwandaise a arrêté ce lundi Yvonne Idamange, une YouTubeuse qui s’est rendue récemment célèbre pour ses critiques contre le régime rwandais.
Celle-ci est incarcérée depuis hier soir par le Bureau rwandais des investigations.
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Yvonne Idamange, mère de quatre enfants, apparait début février pour la première fois sur YouTube. Sa première vidéo qui dénonce la violation des droits de l’Homme au Rwanda fait vite le buzz sur la toile.
Le jour où tout a basculé
Les attaques contre Idamange par les proches du pouvoir ne s’étaient limitées jusque-là qu’au niveau des réseaux sociaux. Mais tout bascule ce 15 février, quand, dans une vidéo, elle déclare :
“Observez et dites-moi si ce pays a un président. Il est mort et nous en avons assez d’être gouvernés par un mort. Notre armée doit réagir et cesser de se comporter comme une faction de Kagame ou du FPR.”
Ceci a, sans surprise, provoqué la réaction de la law enforcement et du Bureau countrywide des investigations, le RIB.
Thierry Murangira, le porte-parole de RIB, a fait savoir qu’”Idamange est poursuivie pour trois crimes dont l’incitation à l’insurrection, le fait d’attaquer personnellement les autorités, et opposer une résistance aux autorités”.
Mobilisations devant les ambassades
Depuis l’arrestation de l’activiste, plusieurs Rwandais de l’étranger se sont mobilisés pour manifester devant les ambassades du Rwanda dans différentes villes européennes, notamment à Paris, Bruxelles, Genève, et La Haye.
Le chanteur Kizito Mihigo a été retrouvé mort dans sa cellule il y a un an
Norman Ishimwe est l’un de ces manifestants à Bruxelles.
“Le fait que Madame Idamange ait dit que le président Kagame était décédé n’est pas pour nous un élément d’insurrection. Si elle l’a exprimé peut-être de manière virulente, ce n’est qu’un signe de ras-le-bol”, dénonce Norman. Il ajoute : “Mais le vrai information est que les Rwandais ont besoin d’un président qui soit solidaire dans les difficultés qu’ils traversent.”
Mais si les manifestants brossent le portrait d’une héroïne, certains à Kigali comme ce journaliste, Charles Ndushabandi, pensent qu’en évoquant la mort du président, Idamange a commis l’irréparable :
“Elle a appelé la populace à manifester pour une raison qui n’en est pas une : dire par exemple que le président est décédé. Ceci est faux et peut être critiqué par tout le monde. Ensuite, le pouvoir a été alerté par cet appel à manifester. C’est quelque selected qui n’existe pas ici. Donc le pouvoir devait l’écarter.”
Yvonne Idamange, âgé de 42 ans, avait récemment déclaré à la DW qu’elle avait choisi You Tube pour exprimer ses idées car selon elle, les médias traditionnels au Rwanda ne lui auraient pas offert de spot pour transmettre son concept, « en faveur d’une société qui souffre ».